Jour 4 - la Tempête s'éternise
Le jour est levé, il fait clair depuis quelques heures déjà. Ça s'active tout doucement dans le camp. Il doit être environ 7H. J'ai dormi à moitié. Déjà que dans des conditions idéales j'ai beaucoup de mal à dormir en bivouac, mais là vu la météo, le tour de garde qui coupe la nuit et tout le reste, ça tient du miracle que j'ai réussi à fermer au moins un oeil. Tant mieux, le métier commence enfin à rentrer 🙂
Dehors la tempête est toujours là. Mais comme il fait jour et que ça s'active sur le camp, c'est plus supportable que pendant la nuit. Au moins on y voit quelque chose, tant qu'on ne regarde pas face au vent.
Je rejoins la tente mess pour le petit dej. Pour rendre ce moment plus agréable après une nuit aussi compliquée, les guides nous attendent avec ... des crêpes ! C'est cool, on s'occupe bien de nous dans l'Arctique 🙂
Pour le moment on ne peut pas faire grand chose avec ce temps. Le dernier point météo de la veille disait qu'on serait tranquilles à partir de midi. Robin attend le prochain point pour savoir si c'est confirmé ou non afin qu'on se mette en mouvement. Du coup, pour le moment, on reste au camp en prenant le temps de faire ce qu'on a à faire. On fait de l'entretien sur les tentes, on déneige, on vérifie les fixations.
Je décide d'aller voir dehors pour essayer de faire quelques photos. Je déchante vite. Avec cette petite neige fine qui vole partout, il y a beaucoup d'humidité dans l'air. J'ai à peine essuyé la lentille de mon objectif qu'elle se retrouve déjà trempée de buée ou de flocons. Je garde tout de même mon appareil avec moi à l'extérieur, pour qu'il se mette à température, ça devrait limiter la condensation.
Au bout d'un moment, j'arrive enfin à faire des photos "montrables". Loin d'être du grand art certes, mais c'était surtout pour pouvoir montrer ce qu'on a essuyé pendant la nuit.
Le camp se réveille pendant la tempête
La taille des congères autour des tentes donne une idée de ce qu'on a pris sur la tête.
J'en ai profité pour faire une vidéo afin de se rendre un petit peu mieux compte (le son a son importance si vous voulez être dans l'ambiance).
Pendant ce temps, le chef fait la vaisselle.
La neige, ça marche pas trop mal pour récurer 😉
Les chiens deviennent mes héros. Ils ont passé la nuit dehors sous la tempête sans broncher. Lotte continue sa nuit.
Tiger est réveillé et déjà au taquet.
On a beau enlever la neige quand il y en a trop, ça revient aussitôt.
On quitte le camp 10 minutes pour monter sur les hauteurs derrière afin de voir à quoi ça ressemble.
Les traces de la tempête vues du dessus
On se rend mieux compte des traces de vent dans la neige autour des tentes et des rochers vu d'ici.
Le nouveau point météo tombe enfin. Il n'est pas bon 😟. La tempête va durer plus longtemps que prévu. La fin est maintenant annoncée vers 18H. On ne pourra rien faire aujourd'hui non plus, on reste au camp. Deuxième journée de foutue à cause du temps. Sur un court séjour comme ça, ça commence à peser lourd, mais une fois de plus, personne n'y peut rien, il faut faire avec. On n'a vraiment pas de bol. On se console en se disant que vivre ce genre de chose, c'est très exceptionnel et que ce n'est pas donné à tout le monde.
Robin redéfini notre stratégie. On va se reposer aujourd'hui, manger tôt, se coucher tôt, pour se lever tôt et profiter au maximum de la journée suivante qui elle par contre s'annonce très belle. Il prévoit de faire deux journée en une pour rattraper le temps perdu.
On déjeune, on prend notre temps, on reste sous la tente mess. On découvre le jeu de dés du "ten". Les explications sont un peu compliquées, j'ai l'impression d'être dans cet épisode de Kaamelott pour ceux qui connaissent 😉 Mais au final une fois lancé, c'est plutôt facile. Je me fais renommer en "Flo" pour l'occasion. Je ne sais pas d'où c'est sorti 😂
Au bout d'un moment, j'ai envie de prendre l'air, je sors.
J'ai pris idée d'essayer de faire des photos dans le genre minimaliste avec des congères. Sur place ça me semblait être une super idée, mais maintenant que je vois les photos en grand sur l'écran, ça me parait beaucoup moins évident 😀
Heyyy ! Mais dites donc ! Ce ne serait pas miss Lotte qui aurait enfin décidé d'être à peu près coopérative pour se faire tirer le portrait ?
Bon en vrai, j'ai eu un super bon premier feeling avec Tiger parce qu'il a tout de suite pris la pose pour moi, mais en fait Lotte est assez rapidement devenue ma chouchoute. Elle était plus affectueuse et avait des petites mimiques marrantes. Comme quoi la première impression n'est pas toujours la bonne contrairement à ce qu'on a l'habitude de dire 😉
A un moment on ne comprenait pas pourquoi elle creusait des petits trous dans le sol. En fait cette petite maline allait ensuite prendre des croquettes dans sa gueule pour les poser au fond et les recouvrir. Elle se faisait ses réserves. Le chien-écureuil. Généralement quand on s'approchait d'elle, elle s'allongeait sur le dos pour qu'on vienne lui faire des caresses sur le ventre. Puis quand on arrêtait et qu'elle en voulait encore, elle donnait des coups de patte pour en redemander. Elle était cool Lotte 🙂
Bon Tiger aussi il était cool hein ! Mais lui il faisait plus le dur. Moins friand de calins, toujours le regard vif et fier. Aller, c'est parti pour l'instant Wanimo 😀
Tiger Encore Tiger Toujours Tiger
Avec mon pote Tiger Un autre selfie avec Tiger
Milieu d'après midi, le vent faibli, les chutes de neige aussi. La couverture nuageuse commence à se craqueler.
Mais dites donc ? Est-ce qu'il ne serait pas temps de profiter de cette acalmie pour passer par l'épreuve tant redoutée du lâchage de lest et pouvoir ainsi répondre à la question ultime :
Comment on fait caca sur la banquise dans l'Arctique ?
Non, vous ne rêvez pas, je suis bien en train de raconter sur un blog public sur Internet que j'ai fait caca, mais j'assume totalement 😀 Pour les âmes sensibles, rassurez vous, je ne vais pas rentrer dans les détails.
Alors, commençons. Déjà on a l'équipe chiottes qui a creusé un grand trou dans la neige (et qui a rafraichi un peu tout ça après le passage de la tempête). Du coup, nos toilettes ressemblent à ça :
Le trou est bien évidemment creusé de manière à ce qu'on soit protégé au maximum du vent. Le petit drapeau sur le côté, c'est la petite astuce pour indiquer l'occupation des lieux. Quand le drapeau est levé, c'est occupé. Bien évidemment, les 3/4 du temps, on est tellement pressé de repartir après avoir faire sa petite affaire, qu'on oublie de le baisser 😀
On ne le voit pas très bien sur la photo, mais ils ont creusé deux petites cavitées dans le mur, une de chaque côté. Ça sert à mettre le papier dedans pour pouvoir le brûler.
Voilà voilà, il ne reste plus qu'à se mettre en position, dire aux gens qui regardent à peu près dans cette direction parce qu'ils n'ont pas compris que tu étais là pour ça que c'est gênant et que ce serait cool qu'ils aillent voir ailleurs si j'y suis. Je ne vous cache pas qu'avec les 150 couches de vêtements c'est un peu galère. Entre les bretelles qui sont par dessus tel truc, tel autre qui a un bidule qui pendouille ... c'est pas de tout repos ! 😀
Bref ! Une fois qu'on a fait son oeuvre, il ne reste plus qu'à balancer une bonne pelletée de neige par dessus puis à se dire "Ouf ! C'est fait !". La température fera le reste du travail pour que ça ne devienne pas trop cradeau pour les suivants.
Voilà. Ça j'avoue que c'était vraiment la partie relou niveau manque de confort. Tu calcules un peu quand tu as besoin d'y aller là.
Mais bon, franchement, qui d'autre ici peut se vanter d'avoir déjà posé sa pêche face à cette vue ? 😀
Je vous rassure, la photo n'a pas été prise à ce moment là !
Aller, on referme la parenthèse cradingue. Il suffit !
Avec le ciel qui s'ouvre, on repart sur les hauteurs au dessus du camp, ça nous fera l'occasion de voir où se situe notre objectif du lendemain.
Une partie de la team Le camp vu du dessus
Comme vous pouvez le constater, il n'y a pas si épais que ça de neige. Le vent est tellement fort au Spitzberg, qu'il balaie tout.
J'en profite pour essayer de refaire quelques trucs avec les motifs dans la neige, sans trop y croire.
Puis on redescend.
Séance papouilles avec Lotte en arrivant.
J'ai essayé d'en profiter pour faire de belles photos d'elle, mais comme d'habitude elle n'a pas pu s'empêcher de venir me coller quand je me suis mis à son niveau, donc ça a fait du grand n'importe quoi.
Quand mes compagnons d'aventure me passeront leurs photos, normalement il devrait y en avoir une ou deux marrantes de cette scène à vous montrer.
Le ciel continue de s'ouvrir, on va peut être même pouvoir entrevoir un petit bout de coucher de soleil sympa. J'en profite pour essayer mes filtres dégradés.
Mouais ... vu que le sol est tout blanc, il n'y a pas de grosse différence de contraste avec le ciel. Du coup ils sont trop puissants. Je ne les garde pas très longtemps, ce n'est pas convainquant. Je préfère les photos faites sans :
Un peu de couleur dans le ciel
Yeay ! Un truc de plus transporté pour rien 😂
Il est pas loin de 17H45. On amorce l'apéro puis le repas. Comme je l'ai dit, le lendemain, on prévoit de partir très tôt. Le réveil sera à 3H30.
J'étais dans la tente mess lorsque ceux qui étaient dehors ont appelé pour dire qu'un renne était en train de s'approcher du camp. J'ai foncé dans ma tente pour monter le télé, puis je me suis rapproché de la bestiole. Le cadre était bien, la scène était chouette, mais il était déjà tard, niveau luminosité ça devenait très compliqué pour prendre au 600mm à main levée. Du coup le réflex est monté en sensibilité et ça fait des photos pas très propre. Tant pis, c'est mieux que rien !
On mange, puis Robin nous fait le briefing sur les tours de garde et le réveil du lendemain. Coup de bol, c'est nous qui commençons avec Livia. On hérite donc du meilleur créneau, 19H - 21H. La nuit ne sera pas coupée en deux. Cette fois-ci, nous devons faire les tours "normaux". Deux heures dehors. Mais le temps n'a plus rien à voir avec la nuit précédente, c'est totalement différent. On y voit clair, on ne se fait pas fouetter le visage par la neige, on s'entend discuter, c'est beaucoup plus facile.
La Lune se lève, j'en profite pour essayer un petit quelque chose, mais je ne suis pas convaincu alors j'arrête assez rapidement.
Tour de garde au clair de Lune
Les deux heures passent relativement vite. Il est temps pour nous de laisser la place et d'aller se coucher. La journée de demain s'annonce chargée.
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