Jour 6 : Singi - Kaitumjaure
Je me suis planté en activant mon alarme hier soir. Je me suis réveillé 45 minutes trop tard. Déjà que je suis en tente que ça va me prendre du temps de tout replier, ça tombe assez mal. Tant pis, j'avais pris de l'avance sur l'étape hier soir et je crois qu'elle est assez courte et simple.
Le vent s'est calmé, il fait grand beau. Après avoir pesté toute la soirée contre le camping et la perte de temps et d'énergie que cela représente, cette belle matinée me redonne la motivation. Finalement je dormirai peut être encore en tente ce soir.
Je déjeune en faisant mon eau à l'extérieur en même temps. C'est plus simple et beaucoup moins risqué que dans la fosse à froid de ma tente.
Puis je plie tout.
Un vieux monsieur flamand (encore ?) passe à côté de moi. Le seul que je verrai de la journée. Il me fait un peu peur en me disant que la fin de la partie 1 de la Kungsleden est difficilement praticable en pulka à cause des pentes trop raides. En même temps, quand je vois comme il descend les quelques petits reliefs qui m'entourent, ce n'est peut être pas une référence non plus. Bref, je demanderai dans les refuges ce qu'ils en pensent.
Il fait beau, je me mets en route.
Pas très loin de ma tente, je trouve des empreintes et tout un tas de crottes. Je ne devais pas être complètement seul cette nuit. La longueur des griffes me ferait presque envisager un glouton, mais les marques ne sont pas très nettes et difficilement identifiables. Je ne trancherai donc pas, ça restera un mystère.
Vous vous demandez certainement comment arrivent là les croix rouges qui permettent de baliser la Kungsleden. Et bien j'ai eu la chance de pouvoir photographier une naissance :
Je traverse une zone glacée et rocailleuse assez désagréable, puis sur la fin, j'ai retrouvé une forêt de bouleaux. Ça change un peu !
J'ai l'impression que physiquement ça commence à aller mieux. Mon corps s'habitue au froid et comprend enfin ce que j'attends de lui.
Le soleil donne une lumière légèrement orangée et un beau halo. C'est marrant car je me suis étrangement réveillé avec le mot "parhélie" en tête ce matin. Et bien en voilà une ! Ou du moins un phénomène de la même famille.
Il y a des empreintes d'animaux de partout, mais aucune trace de leurs propriétaires. Des oiseaux, probablement des lagopèdes et / ou des tétras. Et des empreintes beaucoup plus grosses, certainement des élans. Les rennes étant peu présents ici à cette période.
Le refuge est en haut d'une grande montée qui me casse les jambes et le souffle.
Je me fais accueillir par une dame toute contente d'avoir quelqu'un avec qui discuter et qui m'offre un délicieux jus de baies chaud, comme à Salka. Elle cherche à savoir si tout va bien, au niveau de la tête et du corps, si je n'ai pas de blessure. Pour le moment, tout va bien ! Pour le moment ...
Je lui expose mes plans. Les mêmes que la veille. Elle me dit que c'est une bonne idée de ne pas trop m'éloigner car on annonce du vent et de la neige cette nuit. Je lui achète du PQ pour remplacer celui que j'ai magistralement oublié dans ma chambre d'hôtel à Abisko, puis deux briques de ce délicieux jus de baies.
Je suis ensuite allé dans une cabane pour manger mes nouilles chinoises en solo. Il n'y a que le vieux monsieur rencontré plus tôt dans le refuge et il est allé se mettre ailleurs. Ou plutôt, un de nous deux a mal compris les instructions de la gardienne et nous ne sommes pas dans le même bâtiment.
Après avoir mangé, je suis redescendu pour aller poser ma tente dans les arbres. Je me suis trouvé un endroit bien abrité. Puis le fait d'être dans une forêt me rassure. C'est le genre d'endroit où je m'étais imaginé camper plutôt que dans les déserts blancs et sans protection où j'étais avant. Il y a du vent, mais ça ne souffle pas pareil. C'est moins violent et ça ronfle moins vu qu'il est cassé par les arbres.
J'ai posé le camp plus rapidement. J'étais sur du plat que j'ai bien tassé avec les skis. La neige maintenant bien mes ancres. J'ai fait un petit mur de neige pas très haut pour me protéger vu que j'étais déjà suffisamment abrité.
J'ai fait mon eau dehors, mais l'essence me saoule de plus en plus. Jean Louis avait raison. Je pense arrêter. Je m'étais lancé là dedans car on m'avait annoncé des températures auxquelles le gaz ne marcherait pas. Mais comme on est bien loin de ça, je peux tourner au gaz. L'essence est compliquée à mettre en oeuvre, un accident est vite arrivé, ça pue de partout, j'ai l'impression que toute ma pulka sent. Je dois arrêter avant qu'il n'arrive un drame.
Bref, je suis installé, il ne me reste plus qu'à attendre l'arrivée du vent et de la neige. En tout cas, la zone est beaucoup plus paisible que les précédentes, ça me plait. Je suis bien ici.
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